En 2005, dans le cadre d’une grande campagne de sensibilisation à la prévention de la criminalité et des catastrophes naturelles, la préfecture de Fukuoka décide de créer un personnage pour toucher le public, des plus petits aux plus grands. C’est la société créatrice de jeux vidéo locale, CyberConnect2, qui est retenue pour la création de la charte graphique.

Le monde de Little Tail Bronx au secours de Fukuoka

Le studio CyberConnect2 est à l’origine d’un jeu qui compte parmi les plus charmants de la playstation : Tail Concerto (fr). Le joueur y incarne Waffle, un policier du royaume de Prairie, où chiens et chats cohabitent. Waffle va devoir délivrer le royaume de la menace d’un gang, « les Chats Noirs », qui persécute la population.

Toujours dans le monde de Little Tail Bronx, à des milliers de kilomètres de là, la population du pays de Nipon peut compter sur Mamoru-kun et ses amis pour les protéger. Dans cette affaire, les habitants de la préfecture de Fukuoka ne sont pas en reste : Mamoru-kun leur envoie des informations importantes concernant la prévention des risques liés à la criminalité et aux catastrophes naturelles.

En matière de criminalité, l’accent est mis sur la protection des enfants. Ces derniers peuvent d’ailleurs allez découvrir les bonnes attitudes à avoir s’ils viennent à être abordé par un inconnu dans la rue. Des petits quiz animés permettent de manière ludique de sensibiliser les plus jeunes. (Vous aussi essayez, et gagnez des fonds d’écran si vous rentrez sain et sauf à la maison !)

Hormis cet aspect éducatif, le service de prévention Mamoru-kun permet également de s’abonner à un système d’informations en temps réel en cas de catastrophes. Il s’agit pour cela d’aller sur la page ad-hoc (en) dans laquelle on renseigne son mail de téléphone portable, pour ainsi recevoir des alertes concernant des événements dangereux (crues, tremblements de terre, typhons, etc.) sur la région que l’on aura sélectionné au moment de l’inscription.

Mascottes à foison

Le fait de commander l’habillage de cette campagne à une société de jeux vidéo est un trait caractéristique de l’approche que les japonais ont de la communication. Pourrait-on imaginer voir un jour une ville française, ou même le gouvernement, commander une campagne de promotion pour l’Agenda 21 (fr) à Ankama (fr) par exemple ? On peut en douter. Les japonais ont un regard différent sur tout ce qui relève du mignon, le « kawaii » pour faire plus nippon, et c’est avec bienveillance qu’ils accueillent les campagnes que d’adorables mascottes portent sur leurs frêles (et mignonnes) épaules. Les exemples ne manquent pas : Kikkoro et Morizo (fr) de l’exposition Universelle d’Aichi en 2005, les tokkikkis Toppi et Kippi (jp) de la préfecture de Niigata, Sento-kun (en) de la ville de Nara, etc..

Sento-kun

Ce serait mentir que de dire qu’il n’en est pas de même en France. Mais même si les mascottes sont également utilisées, il semble qu’elles interviennent sur des campagnes aux enjeux moins graves, soit dans le domaine du sport : Footix (fr) de la coupe du monde 98, le lutin Magique des jeux Olympique d’hiver d’Albertville 92, etc. ; soit pour des entreprises : Mister Crédito de CTLM, le Bibendum de Michelin, etc..

Cette façon de rendre la contenant ludique sans pour autant que le contenu, tout à fait sérieux et important, souffre de cette image un peu légère, semble être quelque chose que les japonais acceptent avec beaucoup de souplesse.

Oh ! Les beaux bois !

CyberConnect 2


Créé en 1992 par de jeunes diplômés de la Kyûshû sangyô university (jp), le studio révèle leur talent dès le premier jeu, en offrant aux possesseurs de la Playstation un voyage dans le monde de Little Tail Bronx avec le jeu Tail Concerto sortit en 1998. Rappelant  l’univers aérien du Laputa (fr) de Hayao Miyazaki, complété d’une dose de steam-punk et du kawaii en veux-tu en voilà, l’ambiance séduit dès le dessin animé d’ouverture, introduisant les personnages designés par Nobuteru Yûki (fr)(Lodoss, Escaflowne).

Mais CyberConnect2 c’est aussi et surtout la série .Hack (en), sur un concept du directeur de CyberConnect2, Hiroshi Matsuya (en), avec Yoshiyuki Sadamoto (fr) au design des personnages. L’histoire lancée en 2002 par la série TV .hack//SIGN, prendra vite de l’ampleur avec la sortie quelques mois plus tard du jeu .hack//Infection. Suivront OAV, films, mangas et romans qui étendront chaque fois davantage l’intrigue, incitant les plus mordus à aller explorer tous ces médias pour appréhender l’ensemble de l’œuvre.

On retrouve également le studio à l’adaptation de la plupart des jeux vidéo Naruto (fr) sortis sur les machines de Sony, ainsi qu’à la réalisation d’Asura’s Wrath en association avec Capcom. Ce beat’em all dans la ligné de God of War, a été présenté lors du Tôkyô Game Show 2010 et s’annonce comme l’un des gros titres des mois à venir. A mille lieues des mignonneries de Tail Concerto, il démontre l’étendu du savoir faire du studio de Fukuoka.

Pour les fans de la première heure, une séquel de Tail Concerto est prévue pour le 28 octobre au Japon sur la Nintendo DS : Solatorobo. Plus un spin-off se déroulant dans le même monde qu’une suite réelle, ce titre sera tout de même l’occasion de revoir apparaître les héros de Tail Concerto, ainsi que Mamoru-kun himself,  accompagné de son père pour remplir son rôle de prévention auprès du peuple de Fukuoka, euh non, en république du Shepard, où se déroule l’action du jeu. A noté que le dessin animé d’ouverture est réalisé par le studio Madhouse (jp) (Redline, Summer Wars).

Et pendant ce temps là, dans le royaume de Prairie

Pour aller plus loin :

.hack : Beyondfragment.net (fr) site de fans francophones

Tail Concerto : Site officiel (jp) Article Wikipédia (fr)

Solatorobo : Site officiel (jp)

Mamoru-kun : Site de CyberConnect2 (jp)